Elissa Rhaïs, née Rosine Boumendil le 12 décembre 1876 à Blida en Algérie et décédée dans la même ville le 18 août 1940, est une écrivaine, auteur de romans et de nouvelles orientalistes se déroulant en Algérie. Elle se fait à l’époque passer pour une musulmane ayant fui un harem. Elle avouera par la suite être une juive d’Algérie, et certains critiques l’accuseront même de ne pas être l’auteur des romans qu’elle signe.
En 1919, Rosine Boumendil décide de s’installer en France et obtient une séparation légale d’avec son mari, car celui-ci désapprouve ses ambitions littéraires. Elle débarque le 28 octobre 1917 à Marseille avec son fils Jacob-Raymond, sa fille Mireille et son fils adoptif, Raoul-Robert Tabet, neveu de son second mari. Ils vont s’installer à Paris, où après avoir fait publier trois nouvelles sous le titre Le Café chantant dans la Revue des deux Mondes, elle signe un contrat de cinq ans avec la maison d’édition Plon. Elle publie son premier roman Saâda la Marocaine sous le pseudonyme d’Elissa Rhaïs. Avec son consentement, son éditeur lui invente une histoire romanesque, la fait passer pour une musulmane qui a appris le français en Algérie à l’école publique, puis a vécu dans un harem. Il la surnomme « L’Orientale ». La mode est alors à l’orientalisme, et les histoires écrites par une femme orientale qui a été cloîtrée, doivent exciter la curiosité de nombreux lecteurs. Le fait qu’elle écrive en français est la preuve de l’apport de la colonisation aux peuples indigènes. Or, ce que la quasi-totalité des lecteurs ignorent, c’est que depuis le décret Crémieux de 1870 qui a donné la nationalité française aux Juifs d’Algérie, ceux-ci ont librement accès à l’école publique et à l’éducation française, ce qui n’est absolument pas le cas pour le reste des natifs.
De 1919 à 1930, Rhaïs publie neuf romans et trois recueils de courtes nouvelles. Ce sont des romans à l’eau de rose, se déroulant dans une Afrique du Nord exotique. Ses récits sentimentaux se déroulent, à quelques exceptions près, dans différents milieux musulmans d’avant la Première Guerre mondiale avec de nombreuses héroïnes féminines.
Une seule exception, Les Juifs ou la fille d’Éléazar, considéré comme son meilleur roman et dont les personnages sont des Juifs de la classe moyenne, se débattant entre modernité et tradition sur fond d’intrigues amoureuses.
« La George Sand de l’Islam, un Loti enfin authentique, une Eberhardt qui aurait percé... Elle avait réussi ce à quoi tous s’essayaient en vain : ouvrir à la pensée métropolitaine notre empire, précipiter des djellabas et des robes à fleur dans les bras de la République... Elle a chanté tout ce que nous avons aimé et que nous avons quitté pour un ailleurs plus âpre et plus vaste. Elle seule était capable de jouer de l’illusion coloniale comme elle en a joué. Elle fut quelqu’un de merveilleusement suranné : elle incarna le mythe d’une Algérie heureuse et irremplaçable dans nos cœurs. »
L'écrivain Jules Roy à propos d'Elissa Rhaïs