Rites amaziɣs

Nuit de l'erreur

La coutume veut que, dans certaines tribus, hommes et femmes se rencontrent pour passer une nuit de promiscuité complète. C’est une « fête d’amour » d’où sont exclus les enfants, les personnes non mariées et les vieillards. Il s’y déroule des scènes érotiques, ça consiste en une série d’accouplements collectifs entre des partenaires indistincts, lors du changement de saison, à l’automne la plupart du temps. Ainsi la nuit figurait le cycle du mystère sacré, dont les phases étaient l’union rituelle, la fécondité et la génération. 

Nicolas de Damas décrit le déroulement, parfaitement identiques à ce qui se pratiquait encore dans nos jours dans certaines campagnes, dans le Dahra comme dans le sud marocain. Au 16e siècle, Jean Léon l’africain  reconnaissait ces mêmes pratiques dans la région de Séfrou au Maroc. En effet, les Zekkara (dans la région de Oujda) l’appellent  » la nuit de l’erreur « , les Bedadaou la  » nuit de la confusion « , les Béni-Mehassen (Branès)  » la nuit de l’an ou du bien-être « , les Ait Issaffen (anti-Atlas) la  » nuit du bonheur « , quant aux Touaregs de l’Air, ils l’intitulent  » la fête de Bianu « . Chez toutes ces tribus, cette nuit offre l’exemple de ce que, de l’extérieur, on pourrait appeler un chaos sexuel. 

Voici comment un orateur rapporte cette fameuse nuit chez les Béni-Mehassen dans la région de Fès :  » Tous les ans, à l’automne, a lieu la cérémonie de  » Leilat El Am  » (la nuit de l’an) ou encore  » Leilat El Ghobta  » (la nuit du bien-être). Elle a toujours lieu un mercredi. Le matin de ce jour, un juif est appelé de Taza. Dès son arrivée chez les Béni-Mehassen il est gardé à vue, car il ne doit pas uriner jusqu’à l’asser : à ce moment, on le fait uriner dans un grand plat de couscous, chacun en prend sa part et le jette dans son silo pour que l’année soit bonne la femme qui veut un enfant doit en manger une petite quantité. Le soir arrive, tout le monde pêle-mêle entre dans une caverne : le cheikh fait éteindre les bougies, et aussitôt chaque homme se précipite sur la femme qui le coudoie et la couche à terre. Le cheikh promène un long roseau à quelques empans du sol pour se rendre compte qu’aucun étranger ne s’est faufilé parmi les Béni-Mehassen. Tout étranger est impitoyablement tué sur place et son corps est à jamais perdu pour sa famille. 

Chaque femme a soin de prendre avec elle du henné pour pouvoir marquer l’homme qui l’a eue et le reconnaître le lendemain. Et souvent, son amant d’un instant se trouve être son fils, son frère ou son père. Quand il donne l’ordre d’éteindre les bougies, le cheikh dit  » Éteignez les lumières et bonne chance, que chacun prenne ce qu’il a près de lui et frappe. Fut-ce sa mère ou sa sœur, ou même sa belle mère.  

Au sujet de ce mythe, deux choses, entre autres, sont à remarquer. Premièrement, la cérémonie concerne bel et bien la fertilité de la terre, des animaux et des femmes. Deuxièmement, il y a réellement transgression des normes culturelles. Toutes deux sont essentiellement mises en scène d’une façon burlesque par la mascarade de Achoura. 

Un rite similaire, symbolique, existe aussi chez les jeunes adultes, non encore mariés. Il s’agit d’abord des processions symboliques des poupées de la mariée : dans le Sous, « les jeunes filles sortent processionnellement portant un bâton avec bras transversal que drapent des vêtements féminins ». Viennent ensuite, des cas où jeunes gens et jeunes filles sont unis « plus ou moins symboliquement » dans la mosquée du village. Des unions réelles succéderaient à ces unions symboliques.

Panthéon amaziɣ

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